Le Camp retranché de Paris pendant la Première Guerre mondiale et le camp d’entraînement oublié des Zouaves de Milly-la-Forêt

Le Camp retranché de Paris est un vaste ensemble concentrique d’ouvrages militaires construits à partir de 1840 pour protéger la capitale d’invasions ennemies et organisés en plusieurs lignes défensives (enceinte urbaine de Thiers, forts dits Séré de Rivières).
En 1914, à la déclaration de la guerre, ces différentes lignes fortifiées sont renforcées par une dernière ligne défensive constituée d’ouvrages en terre, bois et béton, installés à 20-30 km de Paris.
Entre août 1914 et septembre 1915, plus de 250 km de voies ferrées furent posées, 345 km de tranchées construites et 240 batteries de canons édifiées.
Après la guerre, la majorité des tranchées fut comblée ou détruite, sauf en forêt qui conserve encore les traces d’un grand nombre de ces ouvrages.
Près d’un siècle plus tard, l’Office national des forêts, accompagné de différents partenaires et associations, a exhumé ce patrimoine oublié en menant des recherches en archives et sur le terrain. Grâce à des relevés LiDAR* et des prospections dans les forêts publiques d’Île-de-France, plus de 200 ouvrages (essentiellement des tranchées mais également des batteries d’artillerie, abris et postes de mitrailleuse) ont ainsi été retrouvés.

Dans la suite de ces recherches menées sur le Camp retranché de Paris, l’archéologie des conflits contemporains s’est intéressée en Île-de-France à d’autres aspects, notamment à la formation militaire et à la préparation des combattants avant leur déploiement au front.
En 2023 ont été découverts les vestiges d’un camp d’entraînement à Milly-la-Forêt ! Car entre 1915 et 1919, les régiments de Zouaves** transiteront par cette commune qui accueillera plus de 3 000 soldats venant suivre une instruction militaire.
En 2024 et 2025, des sondages archéologiques ont été réalisés sur une zone de cantonnement conservée en forêt, et ont mis au jour les vestiges de baraquements militaires ainsi qu’une zone de sanitaires (lavabos, latrines). Les informations recueillies apportent des renseignements sur les conditions de vie des soldats pendant leur instruction. Les fouilles vont se poursuivre dans les années à venir et les recherches seront étendues sur les zones d’entraînements conservées dans les forêts alentours (tranchées, champ de tir).

* En anglais Light Detection And Ranging, détection et estimation de la distance par laser, l’un des outils les plus captivants de l’archéologie moderne, a changé la face de l’archéologie en rendant possibles la mesure et la cartographie d’objets et de structures qui autrement seraient restés cachés, en supprimant numériquement le couvert forestier.

** Les zouaves sont des membres d’unités d’infanterie, originaires d’Algérie, qui ont été créées en 1830 après la conquête de l’Algérie par la France. Ils doivent leur nom à la tribu kabyle des Zouaouas. Ces soldats étaient réputés pour leur discipline et ont servi dans plusieurs armées, notamment l’armée française, jusqu’en 1962.