L’agroforesterie est une technique de culture qui aide à l’enrichissement des sols agricoles.
Le projet agro-écologique concerne les plaines entre Courances et Fleury-en-Bière, propriétés de la famille de Ganay, qui vise à terme une conversion totale du domaine de Courances/Fleury-en-Bière (1 800 hectares) en agriculture biologique.
Le principe de l’agroforesterie est de redonner une place à l’arbre dans la culture. Alors, quand la famille de Ganay a lancé son projet, le Parc a tout de suite accepté de l’accompagner.
Mis en oeuvre par l’Association française d’agroforesterie, avec le concours de nombreux acteurs du territoire, ce projet va transformer en profondeur les pratiques agricoles.

Naissance d’un projet

Ils sont dix cousins propriétaires du Château de Courances, et ont confié à l’une Valentine de Ganay la gestion de l’ensemble du domaine. Elle entretient et fait visiter les jardins du château, et a déjà remis en culture bio l’ancien potager entouré de murs. Forte de son expérience sur le potager, elle fait germer l’idée de remettre en culture la plaine qui s’étend sur 1 800 hectares entre Courances et Fleury-en-Bière.
Mais pour qu’elle puisse être cultivée en bio un jour, il faut avant tout rendre à nouveau le sol fertile.
Curieuse de nature, elle rapporte l’idée d’agroforesterie de ses vacances dans le sud de la France et demande aux ingénieurs agronomes du Centre d’étude technique agricole (CETA) d’Île-de-France, de l’accompagner dans son projet d’agroforesterie.

Le bio plébiscité !

Ces rangées d’arbres vont permettre de rendre le sol à nouveau fertile pour, dans 5 ou 10 ans, pouvoir y cultiver des céréales et des légumes en bio. Et ce sera rentable, à coup sûr, car les cantines ont l’obligation de se fournir à 20 % en produits bio, mais celles de Paris ont beaucoup de mal à en trouver, ou ils viennent de si loin que leur prix n’est pas compétitif. C’est ce qui fait dire à Valentine de Ganay : « Un jour, la plaine de Courances pourrait nourrir Paris ».
Durant l’hiver 2014-2015, une cinquantaine de bénévoles ont planté 2 000 arbres sur 70 hectares de parcelles agricoles. Les arbres, espacés de 7 mètres les uns des autres, sont plantés en lignes espacées de 39 mètres, pour permettre trois passages d’engins de grande largeur.

Régénération naturelle des sols

L’agroforesterie de nouvelle génération offre une diversité d’aménagements, la présence d’essences diverses et locales bien adaptées et provoque donc une régénération naturelle contrôlée par l’homme et une couverture végétale des sols qui assurent la présence d’abeilles et des autres pollinisateurs toute l’année.
La décomposition des feuilles et petites branches apportent de la matière organique et favorise la présence des organismes qui fabriquent le compost sur place.
Les racines font remonter les éléments nutritifs, gardent l’eau en surface et filtrent les eaux de pluie.
Les arbres jouent également un rôle de climatiseur pour les parcelles qu’ils entourent, empêchent l’érosion par le vent et le ruissellement, améliorent les niveaux de biodiversité et au final, constituent une source d’énergie renouvelable grâce à la taille des haies ou des arbres têtards comme le saule et, pour finir, fournissent du bois d’œuvre de grande qualité.
Par ailleurs, ils stockent du carbone pendant toute la durée de vie du matériau.

Une aide financière du Parc

Le Parc naturel régional du Gâtinais français s’est engagé dans cette opération, son Président, Jean-Jacques Boussaingault, en tête : « Il s’agit de la toute première opération d’agroforesterie à cette échelle en Île-de-France, nous ne pouvons que l’accompagner ! ». Cette plantation a coûté près de 100 000 euros. Le Parc en a financé un tiers et a apporté un deuxième tiers avec des fonds européens grâce au programme Leader qu’il porte ; le troisième tiers a été pris en charge par la société civile d’exploitation agricole familiale, que gère Valentine de Ganay.
Courances est un site pilote qui pourrait faire école. Les agriculteurs du territoire ne sont pas contre. Peut-être que certains auront envie d’en faire autant. Les chasseurs savent que la famille de Valentine de Ganay a une longue tradition de chasse et que les arbres et les haies sont propices à cette d’activité traditionnellement rurale.

Agroforesterie2

Valentine de Ganay, une des propriétaires du Château de Courances, gestionnaire du domaine : « La plaine de Courances va nourrir Paris ».

Valentine de GanayValentine de Ganay se trouve depuis 2013 à la tête d’un projet ambitieux qui consiste à convertir la plaine entre Courances et Fleury-en-Bière à l’agriculture biologique.

D’où vient cette idée d’agroforesterie ?
Le modèle d’agriculture conventionnel ou industriel montre des limites. Certaines mauvaises herbes, comme le raygrass sont devenues résilientes au glyphosate (le « Round up »). Nous avons choisi de passer par ce qu’on appelle l’agriculture de conservation, pour atteindre en 2018 l’agriculture biologique. Une agriculture biologique productive est rentable grâce à ce détour par l’agriculture de conservation, pour arriver à l’agroforesterie : reconstituer petit à petit les sols et les nettoyer. On ne laboure plus depuis deux ans, la terre n’est plus jamais nue, et on sème directement des cultures de vente dans des couverts végétaux.

Ce que l’on peut avoir du mal à comprendre, c’est en quoi la présence d’arbres en plein champ peut rendre la plaine à nouveau fertile ?
Ils ne suffisent pas, mais c’est un élément important. Les racines des arbres ramènent la vie dans le sol, leurs feuilles qui tombent apportent un compost naturel, une ombre relative aide les champs à mieux supporter les aléas climatiques de plus en plus nombreux comme la sécheresse qui sévit en cet été 2015.
Avec l’aide du Parc et de l’Association Française d’Agroforesterie, nous avons planté près de 1 800 arbres sur 70 hectares.
Je souhaite élargir bientôt l’éventail des grandes cultures, pour découvrir celles qui seraient les plus adaptées à ce territoire — l’épeautre ? Le chanvre ? — et l’année prochaine, 60 hectares seront dévolus à la culture des légumes bio en plein champ du côté du Marais de Baudelut.
Boursicoter sur le cours du maïs à Chicago m’inspire peu. Avec la surface dont ma famille est propriétaire et la proximité avec Paris, mon fantasme serait plutôt de nourrir Paris, toute proportion gardée bien-sûr. Et financièrement, déterminer ce qu’on peut contrôler de la fourche à la fourchette me paraît plus intéressant.

Vous dites aussi que vous pourriez faire de l’élevage sous les arbres ?
Ce serait souhaitable. La biodynamie — un stade supérieur de l’agriculture biologique — fonctionne en complicité avec les animaux et des pâtures sur les sols plus pauvres.
Nous sommes en train de faire des études de marché pour identifier ce qui manque en région parisienne en terme de viande.
Mais l’idéal serait que quelqu’un vienne me voir et me dise « je voudrais élever des cochons sauvages sous des arbres et je cherche un endroit. » Je fais plus confiance aux porteurs de projet qu’aux études de marché.

A bon entendeur…

A noter : la nouvelle boutique des Jardins de Courances, rue du Moulin (au cœur du village, à côté de la Mairie), propose la vente directe de légumes, fruits, fleurs, plantes aromatiques biologiques cultivés au jardin potager de Courances le vendredi de 17h à 20h et le samedi de 10h à 14h.

Je suis effectivement surprise de découvrir les dernières innovations en matière d’agriculture. La lecture des documents mis à ma disposition m’a convaincue que c’est une excellente initiative.
La plantation de ces arbres va embellir le paysage de la plaine. Plus important encore, l’agroforesterie devrait diminuer le taux de nitrates et de pesticides et ne peut qu’améliorer ainsi la qualité de l’eau distribuée dans 6 communes par le captage de Courances.
Espérance Vieira, Maire de Courances
Le projet ne se situe pas aux abords d’une route importante de transit. Les questions viennent plutôt des promeneurs, des cyclistes qui utilisent ce parcours.
Les plantations attirent la curiosité, mais ne posent pas de problème. L’aspect visuel de notre plaine va s’en trouver changé.
C’est un beau projet, innovant dans notre région. J’en suis plutôt fière, personnellement, ainsi que la plupart des habitants de Fleury.
Chantal Le Bret, Maire de Fleury-en-Bière