80 % de la forêt en Gâtinais français, soit 18 000 hectares, sont privés et, en moyenne, chaque propriétaire possède moins d’un hectare sur plusieurs parcelles différentes !
Autant dire que la mise en œuvre de la charte forestière signée en 2009 par le Parc demande un important travail de pédagogie pour améliorer l’exploitabilité de cette forêt par le regroupement des parcelles.

Pour mettre en œuvre la Charte forestière du Parc, autrement dit pour que la forêt soit gérée de manière efficace, il faut que les innombrables petits propriétaires soient convaincus de l’intérêt de regrouper leurs parcelles, de les échanger ou de les vendre pour constituer des lots de taille suffisante afin que les coupes et le débardage puissent se faire à une échelle raisonnable.

Des propriétés d’un seul tenant de 4 hectares au minimum

Sur le territoire du Gâtinais français, Camille Guérin et Nicolas Bock, chargés de mission du Parc, aidés de Nicolas Anfray du Centre régional de la propriété forestière, ont utilisé le cadastre et envoyé un courrier à tous les propriétaires connus des parcelles de bois sur les massifs privés les plus morcelés.
Ils les rencontrent, les réunissent pour leur expliquer l’intérêt de vendre leurs parcelles trop petites, de les échanger avec d’autres, ou d’essayer d’acheter celles qui sont contiguës aux leurs pour réaliser des regroupements.
Beaucoup ne s’intéressent pas à leur petite parcelle de bois et souhaitent s’en séparer.
Si un propriétaire motivé parvient ainsi à une surface plus importante d’un seul tenant, sa gestion deviendra plus facile.

Des frais d’actes conséquents

Quand le Parc a commencé le travail, en 2010, un problème majeur s’est posé : la vente génère des frais de mutation parfois supérieurs à la vente de la parcelle, à la charge de l’acheteur. Pour des parcelles valant entre 50 et 500 €, cela décourageait mles éventuels acheteurs.
Conscients du problème, les Conseils généraux de l’Essonne et de Seine-et-Marne ont mis en place une aide pour la prise en charge de ces frais.
En Essonne, depuis 2010, sur 9 communes 200 propriétaires ont participé à l’opération d’une manière ou d’une autre, soit 10 % des contacts pris.
Au total, 55 hectares de bois ont été vendus de propriétaire à propriétaire, 25 ont été échangés, un début prometteur pour cette nouvelle opération qui sollicite des propriétaires qui redécouvrent leur forêt !

Une dynamique est lancée

La situation évolue dans le bon sens. 14 hectares ont été exploités depuis 2010. La demande de bois de chauffage augmente sur le territoire du Parc, en bûches ou en plaquettes. On considère que la coupe de 100 m3 de bois génère un emploi nouveau. Une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Gâtinais Bois Énergie s’est déjà créée sur le territoire et une scierie fixe devrait bientôt compléter la scierie mobile déjà existante.
En fait, grâce à la confiance établie désormais entre les chargés de mission du Parc et les propriétaires, une dynamique est lancée et va sans aucun doute se poursuivre dans les années qui viennent.

 

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La filière bois-énergie locale

Vous avez racheté des parcelles voisines des vôtres. Pourquoi ?

Je suis natif de Boutigny et je suis amoureux de sa forêt. J’étais déjà propriétaire de petites parcelles par-ci par-là, pour le bois de chauffage, les promenades, les champignons… Je m’y sens bien. Puis, je me suis intéressé à la politique du Parc qui tentait de regrouper les parcelles pour rendre la gestion de la forêt plus rationnelle. J’ai donc racheté des parcelles contiguës aux miennes à des particuliers qui n’habitent pas sur place ou qui en ont hérité. Il s’agit généralement de bandes étroites (parfois moins de 10 mètres de large). Du fait de cette faible largeur, les arbres, une fois coupés, ne repoussent que sous forme de taillis, étant prisonniers entre les autres parcelles non coupées. D’où l’avantage du regroupement.

Du coup vous avez une plus grande quantité de bois à exploiter. Est-ce que ça peut maintenant générer un revenu ?

Oh, ce n’est pas si facile ! Pour l’instant, cette forêt fournit du bois de chauffage pour moi et mes enfants. Si je peux acquérir d’autres parcelles, pourquoi pas ? Je ferai appel aux spécialistes forestiers du Parc pour gérer au mieux ces parcelles regroupées et valoriser ce patrimoine pour mes enfants et petits-enfants.

Bernard Meunier, Propriétaire forestier et adjoint au maire de Boutigny-sur-Essonne : « Je suis un amoureux de la forêt »